Entendu à la radio au moment de réfléchir à cet éditorial, et bien que cela ne soit plus une surprise, le constat choque : “En Suisse, la majorité des glaciers aura disparu d’ici 2050”. Une annonce qui fait écho aux températures très chaudes de cette fin d’été, mais également aux autres actualités qui tournent en boucle, notamment sur les méga-incendies canadiens.

Bien sûr, le brasier nord-américain est catastrophique. Pourtant, les pays du Nord, principaux responsables des émissions de CO2 ne subissent que des effets encore contenus du changement climatique, notamment grâce à un niveau de technologie avancé qui préserve et évite l’effondrement du mode de vie occidental.

Les pays les plus durement touchés par ces bouleversements climatiques (et catastrophes naturelles, comme le tragique séisme au Maroc ou les inondations en Lybie viennent de nous le rappeler) sont ceux dont les populations sont déjà les plus fragiles, pour des raisons de gouvernances, de guerres ou encore en raison d’un environnement hostile. Les périodes de sécheresse, par exemple, ont une influence directe sur l’approvisionnement alimentaire des populations et, in fine, les incitent à quitter des terres auxquelles elles sont pourtant solidement attachées. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, “Au cours de la dernière décennie, les événements météorologiques ont déclenché en moyenne 21,5 millions de nouveaux déplacements chaque année – plus de deux fois plus que les déplacements causés par les conflits et la violence.”

Les membres de la Fédération interjurassienne de coopération et de développement travaillent quotidiennement sur le terrain afin d’apporter des solutions concrètes pour développer une agriculture durable et adaptée, des formations génératrices d’emplois et de revenus ou encore pour améliorer les structures médicales sur place, pour ne citer que les thématiques les plus emblématiques. Ces projets, soutenus par des contributions des secteurs publics et privés, sont conçus en partenariat avec des organisations locales qui disposent d’une précieuse connaissance de leurs contextes.

Contrairement aux idées reçues, la loi du plus fort n’est pas l’unique loi qui régit les rapports humains. “L’entraide, l’autre loi de la jungle” (à lire, le livre de Gauthier Chapelle et Pablo Servigne) est profondément ancrée dans la nature humaine et est démontrée quotidiennement par les habitant·e·s de notre région, que cela soit via une aide d’urgence apportée au Maroc ou par un soutien régulier aux projets de développement.

La contribution de toutes et de tous est précieuse. Il est réjouissant de vivre dans une région qui démontre toujours davantage sa solidarité par des actes concrets. Merci.

Pour l'éditorial de l'infolettre de la FICD, septembre 2023


Bruce Rennes ● Chargé de projets