En 2023, 25 % des associations membres de la Fédération interjurassienne de coopération et de développement ont été créées par des personnes issues de la diaspora. Par ailleurs, la FICD a financé 15 projets issus de cette catégorie, ce qui correspond à 16 % des projets soutenus depuis 2009. Plus largement, dans le monde, la manne de la diaspora dépasse de loin celle de l’aide au développement.

DEFINITION. Le Larousse définit la diaspora comme la dispersion d’un peuple, d’une ethnie à travers le monde.  Ce terme trouve ses origines du grec sporo «graine» ou de speira «semer». À l’origine, le terme était utilisé pour désigner «la dispersion des établissements helléniques autour de la Méditerranée depuis des temps anciens» (Gaillard et Gaillard, 1998 : 41). Depuis une quarantaine d’années, le terme diaspora est entré dans le langage courant pour définir les relations entre les populations migrantes et leur pays d’origine. »


Selon un rapport publié par la Banque mondiale en novembre 2022 (Remittances brave global headwinds ; Migration and Development Brief 37), les envois de fonds officiellement enregistrés et effectués par des travailleurs vivant à l’étranger au profit de leurs familles restées au pays (appelés « remises migratoires ») étaient estimés à 626 milliards de dollars, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Officieusement, ce chiffre pourrait même être évalué à 1000 milliards de dollars.

Le rapport précise que, contrairement aux attentes, les envois de fonds vers l’Ukraine (+ 2%) sont inférieurs aux prévisions. « Cela s’explique par le fait que l’argent destiné aux Ukrainiens a été envoyé dans les pays qui les accueillent et que les remises en main propre ont probablement augmenté. » Plus largement, « la réouverture des pays d’accueil consécutive au recul de la pandémie de COVID-19 a favorisé l’emploi des migrants et leur capacité à continuer d’aider leurs familles restées au pays. »

Dans le détail, les cinq principaux pays bénéficiaires des envois de fonds en 2022 étaient l’Inde (100 milliards), le Mexique (60), la Chine (51), les Philippines (38) et l’Égypte (32). Les remises migratoire de la zone sub-saharienne ne représentent finalement « que » 55 milliards de dollars, ce qui la place en queue de peloton des populations bénéficiaires.

Un potentiel économique énorme

En Suisse, la population résidante permanente de 15 ans ou plus se compose de 39% de personnes issues de la migration (2’890’000 individus). Plus d’un tiers de cette population (1’090’000 personnes) a la nationalité suisse.

La migration est un thème prioritaire de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Il fait l’objet d’un chapitre dans la stratégie 2021-2024. Selon le document, « le potentiel économique et socioculturel de la diaspora joue un rôle essentiel dans le développement des pays de provenance des migrants, dont les transferts d’argent à des proches et à des connaissances ainsi que les investissements dans des petites entreprises stimulent l’économie sur place. »

Un prix pour les projets de migrants

« La pression familiale sur les migrants est énorme, témoigne dans un article du journal  Le Temps Fodé Samb, originaire du Sénégal et auteur d’un mémoire à l’Université de Neuchâtel sur les transferts de fonds par la diaspora africaine en Suisse, après un versement, on trouve un peu de tranquillité psychologique. » Au fil du temps, la diaspora est reconnue par les autorités comme une force essentielle à l’amélioration des conditions de vie des pays en développement. Une force économique, certes, mais pas seulement…

Les membres de la diaspora apportent également une connaissance intime de leurs pays d’origine à la coopération internationale. Le Programme Global Migration et Développement de la DDC s’appuie sur cette ressource et « valorise le potentiel des migrants dans la perspective d’un développement durable, en contribuant à la mise en place de conditions favorables dans les pays de provenance, de transit et de destination. »

Parmi les initiatives visant une meilleure reconnaissance des projets des migrants, citons celle de notre consœur, la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) qui remet un « Prix Diaspora & Développement » dont l’objectif est de valoriser l’impact des migrants dont le rôle dans la coopération internationale gagne peu à peu en reconnaissance.


Bruce Rennes, chargé de projets ● FICD