La stratégie de la coopération internationale est définie comme « un instrument de politique étrangère de la Suisse, basé sur la Constitution fédérale, qui vise à réduire les besoins et la pauvreté dans le monde, à améliorer le respect des droits de l’homme, à promouvoir la démocratie et à protéger l’environnement ». En février, le Conseil fédéral a défini les priorités thématiques et géographiques de sa stratégie de coopération internationale pour les quatre prochaines année, ainsi que son cadre budgétaire, qui a donc été débattu en ce début d’automne par le Conseil national.

En septembre, le budget de l’aide au développement a fait l’objet d’un âpre débat au Conseil national. Il a finalement été soutenu par les députés par 139 voix contre 53. L’enveloppe globale acceptée s’élève à 11,25 milliards de francs pour la période 2021 à 2024. »

Entre aficionados d’un contrôle strict des finances et partisans de la solidarité et de la coopération internationales, les échanges ont duré près de quatre heures, avec comme invitée spéciale la crise du coronavirus qui a mis en danger l’économie suisse. Mais cette pandémie  a également secoué de nombreuses autres économies, en particulier celles des pays les plus vulnérables. Elle met en lumière l’importance du nexus entre aide humanitaire et coopération au développement, notion chère à la Direction du développement et de la coopération (DDC). Ce lien est plus que jamais d’actualité. En effet, la pandémie oblige à revoir les priorités des projets en cours de développement afin de se concentrer très rapidement sur les situations les plus urgentes.

Quel modèle de coopération au développement pour la Suisse ?

Le message de la coopération internationale 2021-2024 de la Suisse a fait l’objet d’une longue procédure et d’une consultation ouverte aux différents acteurs impliqués dans cette thématique. Publié en début d’année 2020, le message retient quatre principaux axes de développement : la création d’emplois décents, la lutte contre les changements climatiques, la promotion de l’état de droit et la réduction des causes de la migration irrégulière et du déplacement forcé. Les trois premiers axes sont en corrélation directe avec des objectifs de développement durable qui font partie intégrante de l’Agenda 2030, signé par les Etats membres des Nations Unies : Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous (ODD8), Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions (ODD13) et Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes (ODD16). Concernant la question des migrations, sans faire l’objet d’un objectif spécifique, elle est au cœur de l’Agenda 2030 puisque onze d’entre eux contiennent des cibles et indicateurs portant sur la gestion des migrations ou les mobilités.

D’un point de vue géographique, on peut regretter que l’Amérique latine ne figure plus comme l’une régions prioritaires d’activité de la coopération internationales de la Suisse. Ces dernières se limitant à l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Afrique subsaharienne, l’Asie (Asie centrale, du Sud et du Sud-Est) et l’Europe de l’Est. Toutefois, l’Amérique centrale et du Sud sont des régions dans lesquelles la FICD apporte son soutien  depuis de nombreuses années avec le financement de projets au Nicaragua (Groupe Nicaragua), au Pérou (Nouvelle Planète) et au Brésil (FUSAM). Notre fédération n’étant pas soumises à des critères de concentration géographique, elle peut donc continuer à soutenir des projets de ses membres en Amérique latine. Les associations-membres qui interviennent dans cette zone et bénéficient de contributions ne seront donc pas impactées.

Le plan stratégique 2021-2024

En parallèle aux discussions et au processus autour du message sur la coopération internationale Suisse, qui a été élaboré au cours de l’année 2019, la Fédération interjurassienne de coopération et de développement, à l’instar de ses consœurs des autres cantons latins, a dû remplir les conditions d’un processus d’accréditation pour pouvoir soumettre une demande de contribution à la DDC pour les années 2021 et 2022. Dans ce cadre, la FICD s’est vue contrainte à fournir un dossier, contenant notamment son plan stratégique 2021-2024, accompagné du plan financier lié, à échéance du 31 décembre 2019, soit plus de six mois plus tôt que prévu.

Ainsi, les notions de cadre de résultats, plan stratégique, cadre logique et autres termes techniques ont fait partie intégrante du comité et du secrétariat de la FICD pendant de nombreuses semaines.  Cette phase de travail intense a abouti à un plan cohérent qui mise sur les acquis du plan stratégique précédent et la continuité. En effet, le programme stratégique 2021-2024 est une évolution du programme 2017-2020. Les prochaines années seront consacrées à œuvrer à l’accomplissement des objectifs de la période précédente, en reprenant ce qui n’a pas été achevé, en adaptant sa stratégie au contexte et en tenant compte des résultats déjà obtenus.

Fédérer, innover, mobiliser pour l’Agenda 2030

À travers son programme stratégique 2021-2024 et en cohérence avec sa déclaration de principe, la FICD «souhaite renforcer l’engagement de ses organisations membres visant à l’élimination des phénomènes d’inégalités socio-économiques, de domination, de violence, de violation des droits de la personne et des peuples, d’uniformisation culturelle, de dégradation de l’environnement et de gaspillage des ressources naturelles, au plan local, national et international, en encourageant les populations concernées à compter sur leurs propres forces pour assurer leur développement durable». Ces principes sont en totale adéquation avec la stratégie de coopération internationale de la Suisse 2021-2024 établie par le Conseil fédéral et approuvée par les chambres parlementaires. Ils sous-tendent, pour la nouvelle période, dans les quatre axes stratégiques de la FICD qui sont : « Un réseau de compétence dynamique et créatif », « Un pôle de référence connu et reconnu en matière  de coopération », « Un soutien à des projets de qualité » et « Une force de sensibilisation ».

Demande officielle de contribution auprès de la DDC

En conclusion, le programme 2021–2024 de la FICD constitue la base d’un nouveau dialogue avec ses partenaires, aussi bien bailleurs que membres, en parfaite cohésion avec le message de la Confédération helvétique sur sa coopération internationale. Cela coïncide parfaitement avec l’Objectif de développement durable 17 qui vise à « renforcer les moyens de mettre en œuvre le partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser ». Le dialogue ainsi instauré nous amène à nous projeter dans l’avenir et à imaginer également l’évolution des organisations de coopération et de développement du Nord, comme de celles de leurs partenaires au Sud. L’objectif de ces échanges est d’assister « à des partenariats fondés sur des normes prônant une égalité parfaite ».


Bruce Rennes, Chargé de projets ● FICD