L’association Kitunga Lutondo - Panier d’amour - est active à Idiofa, un territoire d’un million et demi d’habitants, situé à 861 km de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa. Depuis ses débuts, l’association soutient ses bénéficiaires, notamment grâce à des paniers alimentaires. Soucieuses d’en pérenniser le contenu, Mpampidi Kazadi et Ruth Konrad, responsables de l’association, ont conçu un projet d’agriculture dimensionné aux capacités financières de leur organisation, ce qui n’était pas évident au départ.

Membre FICD


Panier d'Amour

L’association Kitunga Lutondo, ce qui signifie Panier d’amour, lancée par un groupe de personnes de La Heutte et des environs, a pris son envol à l’été 2011 et s’est concrétisée sur le terrain dans la province de Bandundu et plus précisément dans le territoire d’Idiofa en République démocratique du Congo. www.panierdamour.org


 Avec des moyens très simples, nous donnons l’autonomie à 40 familles »

Les deux amies le clament en chœur : « Un gros projet, ce n’est pas pour nous ! ». Il y a deux ans, elles envisageaient de demander un soutien financier à la Fédération interjurassienne de coopération et de développement afin de concevoir un projet d’agriculture d’envergure. « Le projet a été ficelé avec l’aide d’un expert belge de notre connaissance. Nous avions même commencé à remplir les formulaires de la FICD », explique Ruth Konrad. Finalement, peu convaincues par la dimension du projet proposé par le spécialiste, notamment en raison du budget, « nous aurions dû trouver la moitié du budget, soit 12’000 frs et des frais inhérents aux rémunérations des formateurs », les deux femmes renoncent. En outre, le projet était axé sur la culture du Moringa, « Un aliment bien trop cher. Nos bénéficiaires ont des estomacs à remplir. De plus, c‘est une culture que nous aurions imposée », détaille Mpampidi Kazadi. En effet, le Moringa est un arbre originaire d’Inde et ses fruits sont réputés pour être d’excellents compléments alimentaires à haute valeur nutritionnelle. S’il est déjà bien implanté dans certaines régions du Congo, Mpampidi et Ruth ne voulaient pas prendre de risque : « Nous n’étions pas certaines que la population adhère à ce projet de culture. »

Toutefois, bien déterminées à remplir leur panier et à ne plus dépendre des approvisionnements trop irréguliers du marché d’Idiofa, elles se remettent autour de la table. Partant du principe que, lorsqu’elle était petite, « les habitants savaient déjà cultiver de nombreuses plantes », Mpampidi a demandé à leur partenaire local de chercher des terres arables. Des terrains ont été trouvés dans un village au nom plutôt cocasse : « Laba ». C’est une région forestière facile à cultiver, loin des contraintes de la brousse d’Idiofa, située à 50 kilomètres de là. Ainsi, avec 2’000 frs, les deux femmes ont loué 2 hectares de terrain, investi dans du matériel et emploient, depuis le mois de mai, 40 personnes pour le défrichage, l’ensemencement du maïs et des arachides, et le sarclage. Dans une zone à fort taux de chômage, cette activité est la bienvenue. En janvier prochain, les employé-e-s récolteront les premières denrées.

Ces premières récoltes devraient assurer 6 mois d’approvisionnement de l’association. « La production sera achetée par notre association au collectif en place. Grâce à leur bénéfice, ils pourront développer cette activité, en louant des hectares supplémentaires », précise Mpampidi. Les deux femmes sont confiantes, elles continueront à soutenir le collectif. Lors de son voyage de suivi annuel au Congo, Mpampidi s’est rendue à Laba l’été dernier. Elle a pu constater qu’avec 2’000 frs, un projet très concret pouvait aboutir : « Avec des moyens très simples, nous donnons l’autonomie à 40 familles ». Revigorées par la réussite de ce projet-pilote, les deux femmes envisagent de faire une demande de financement, au budget maîtrisé, à la FICD. « C’est vraiment un projet à hauteur de nos capacités », complète souriante Ruth.


Bruce Rennes, chargé de projets ● FICD