Les forêts primaires de Madagascar ont pratiquement disparu. Quelques lambeaux existent encore sur la partie Est du pays. Depuis plus de 10 ans, la Fondation Avenir Madagascar (FAM) s’investit pour la protection de la forêt primaire située dans la Commune de Belanitra et plus particulièrement dans le village d’Antenina. Ce village situé le long du fleuve Onive compte une population d’environ 1'800 habitants.

Compte tenu des relations de confiance que la FAM a créé depuis quelques années, la population locale demande à la FAM de les aider dans les différentes négociations qui auront lieu dans le cadre de leur relocalisation.»

Membre FICD :

Fondation basée à Porrentruy, active à Madagascar. L'engagement de la FAM porte sur des projets dans les domaines de la formation, l'information, l'éducation et la préservation de l'environnement: l'ESSVA (Université professionnelle), la Radio Haja (Radio Dignité), l’école de Manarintsoa et le site d’Antenina, pour la reforestation et la diversification agricole.

Dans un premier temps, la population locale voulait s’opposer à la construction de ce barrage qui va leur demander d’abandonner leur habitat et leurs parcelles cultivables. Lorsque la FAM a été informée de ce projet, par les habitants, elle a analysé de manière précise les contours et impacts de ce celui-ci en interrogeant les différents acteurs (population locale, responsables politiques, entreprises de construction, spécialistes environnementaux, etc.). 

Si nous prenons en compte la situation énergétique globale du pays, ce barrage est indispensable. En effet l’énergie électrique nécessaire est actuellement produite essentiellement par des centrales fonctionnant au mazout, polluant et coûteux. La construction d’une nouvelle centrale hydroélectrique va permettre de remplacer certaines productions actuelles et de répondre aux besoins croissants en énergie de manière plus durable.

Du point de vue local, bien entendu, ce projet va bouleverser la vie de tout un village. Une grande partie des habitations seront démolies ce qui implique un déplacement d’environ 1'500 habitants sur un autre site. Compte tenu que la partie supérieure du village comprend une forêt primaire protégée, le déplacement devra se faire à une distance de plusieurs kilomètres. Le projet engloutira la grande majorité des rizières qui ont été patiemment aménagées le long du fleuve. De nouvelles surfaces agricoles doivent être trouvées et mises en valeur. Il faudra compter plusieurs années de travail pour que les agriculteurs retrouvent les qualités des terres cultivables qu’ils avaient précédemment (constitution des terrasses, ameublissement du sol, fertilisation, plantations, etc.).

Plusieurs réunions ont eu lieu avec la population locale pour analyser avec elle impacts de ce projet. Les habitants sont conscients qu’il sera difficile pour eux de lutter contre ce projet étant entendu que les terres qu’ils cultivent appartiennent au gouvernement. La solution la plus intéressante pour eux serait de retrouver des compensations égales ou supérieures aux valeurs perdues. Compte tenu des relations de confiance que la FAM a créé depuis quelques années, la population locale demande à la FAM de les aider dans les différentes négociations qui auront lieu dans le cadre de leur relocalisation.


Selon le Gouverneur de la région que nous venons de rencontrer, le contrat entre les investisseurs et le gouvernement a été signé, la réalisation devrait pouvoir prochainement débuter.  La mise en eau est prévue pour 2027 ce qui laisse peu de temps pour la conception et construction d’un nouveau village et l’aménagement de surfaces agricoles exploitables. Ce nouveau milieu de vie devra être exemplaire la qualité de ses constructions et de ses équipements. Il devra aussi permettre la reconduction des liens sociaux existants entre les habitants.

Il est à noter que les différentes interventions que nous avons entreprises dans cette région (protection de la forêt primaire, reboisements, formation des agriculteurs) ne seront pas impactées par la réalisation du barrage. La FAM qui poursuit les différents projets en cours intensifiera ses actions dans le secteur choisi pour la construction du nouveau village. Votre aide nous sera précieuse.


Texte : Jean-Claude Verdon, Vice-Président ● Fondation Avenir Madagascar