La question fondamentale qui va se poser dès 2020 à toutes les ONG actives depuis 30 ans en Roumanie est celle du désengagement progressif. C’est la conclusion à tirer des assises annuelles d’OVR Suisse à Moutier, le samedi 6 avril dernier.

Membre FICD


Moutier Aide Chiril

Association basée à Moutier, active en Roumanie, Moutier Aide Chiril mène des projets communautaires : aménagement d’un réseau d’eau, aide à des étudiants universitaires, etc.


Un constat accablant : l’eau est vectrice de maladies. Ainsi, 1,8 milliards d’êtres humains consomment de l’eau contaminée et 4’500 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour par manque d’eau potable. »

En effet, et pour différentes raisons d’ailleurs (désintérêt et démissions des organisations suisses ; aides financières européennes ; prise en charge de la gestion individuelle et collective ; nouvelle génération qui n’a pas connu les événements antérieurs ; exode de la population jeune vers les pays d’Europe,  etc.),  le temps est venu de redimensionner nos actions sur le territoire roumain.

30 ans de partenariat, le temps de la réflexion et de l’engagement assumé dans la dignité, c’est dans ce sens que vont continuer à se définir les collaborations futures avec nos partenaires roumains.

Après la partie statutaire de l’assemblée annuelle d’OVR, deux exposés très intéressants ont été présentés : le premier, sur les sources d’eau potable en Roumanie, par le Professeur Dr Gabriel Racoviteanu, de l’Université technique de Bucarest, et le second sur le thème « Etat des lieux et amélioration de la qualité de l’eau potable », présenté par MM. Serge Gonvers, directeur d’une société d’audit, et Khaled Al-Mezayen, fondateur et président d’Inovaya.

Très fouillé et documenté, l’exposé en roumain du Professeur Gabriel Racoviteanu a fait état de la situation de l’eau potable dans le pays. Même s’il y a eu d’énormes progrès au niveau de la qualité, force est de constater qu’une dégradation, due à l’agriculture intensive et à l’emploi d’engrais et de pesticides en grandes quantités, a eu lieu ces dernières années. L’Europe fournit des fonds, mais également des exigences pointues de qualité. Le coût de l’eau en Roumanie reste intéressant (moins d’un euro par m3), alors que le prix est respectivement de 6.55 € à Copenhague, 5.30 € à Berlin, 5.06 € à Glasgow, 4.42 € à Francfort et 4.22 € à Düsseldorf.

Il reste toutefois de nombreux problèmes émanant, entre autres, des sources de financement, d’une bureaucratie excessive, des contestations, de la durée des appels d’offres, qui peut aller jusqu’à deux ans et demi, ainsi qu’aux délais de mise en conformité. À titre d’exemple, seulement quatre dossiers ont été traités en une année par l’administration européenne. La solution serait d’instaurer une éventuelle collaboration directe sans passer par les arcanes européennes.

La conférence suivante a débuté par un constat accablant : l’eau est vectrice de maladies. Ainsi, 1,8 milliards d’êtres humains consomment de l’eau contaminée et 4’500 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour par manque d’eau potable. Pourtant, des solutions existent !  Khaled Al-Mezayen (d’origine roumaine, comme son nom ne l’indique pas) a fondé une start-up à Lyon, Inovaya, qui révolutionne l’accès à l’eau potable.

Il s’agit d’un système de filtration ingénieux qui permet d’éliminer les polluants de l’eau sans utiliser de produits chimiques. Ce mécanisme permet de fournir 20 litres d’eau par jour à 1’000 personnes, tout en s’inscrivant dans une démarche de développement durable.  Active dans de nombreux pays, la start-up a, par exemple, délivré 45 millions de litres d’eau potable grâce à une installation dans le delta du Danube.

Les intéressés peuvent consulter son site www.inovaya.eu. Laissons la conclusion au conférencier : « L’avenir est aux entreprises qui intègrent, dans tous leurs processus, la dimension d’impact social ». Il réfléchit même à un système de « troc humanitaire » entre les industriels et les ONG, où les entreprises profiteraient du bas coût de la technologie Inovaya pour reverser une partie de leur budget RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) à des associations et financer ainsi des installations dans les pays en voie de développement.


jean-pierre Maître ● Commission « Moutier aide Chiril »