Fraîchement retraité, l’éducateur spécialisé Jean-Jacques Maeder s’est installé au Togo à l’été 2017. Depuis son nouveau lieu de résidence, à Tsiévé, une commune de 60’000 habitants, il suit quotidiennement les activités des écoles Croissance Afrique, du nom de l'association qu'il préside depuis 1997.

Membre FICD


Croissance Afrique

L’association CROISSANCE AFRIQUE est basée à Moutier. Active au Togo elle s’occupe de parrainages d’enfants et sensibilise à l’éducation non-violente. Avec le soutien de la FICD, elle a financé la construction d’une école à Tsévié.


Les rencontres « IKIGAI » sont les prémices d’une vision pédagogique plus large. « En Afrique, les parents pensent, souvent à tort, que l’université est la voie royale pour décrocher un emploi. Ils se saignent pour cela. »

« Je ressens une véritable différence entre une visite de suivi de projets de quinze jours et une installation sur place, déclare d’emblée l’heureux exilé. Le fait d’être sur place rassure l’équipe. » Souriant, Jean-Jacques Maeder revient sur le contexte des écoles privées togolaises. Généralement, il s’agit de « faire de l’argent, ce n’est pas de l’humanitaire. »

Les écoles Croissance Afrique (de l’école enfantine au collège), se distinguent par leur concept de bienveillance. « L’éducation non-violente et les enfants sont au cœur de notre pédagogie », détaille le président. En outre, lorsqu’il s’agit de revenir sur l’objectif n°3 de l’Agenda 2030 « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie », il en retient le mot « qualité ». « Cette notion manquait dans les précédents objectifs du millénaire qui précisaient simplement un accès à l’éducation primaire pour tous, détaille-t-il, je me réjouis de cet ajout. »

Un groupe pour écouter et apprendre

Pour l’éducateur spécialisé, la qualité passe notamment par l’écoute. Et c’est ainsi que, profitant de son installation au Togo, il a mis en place, en juillet dernier, un groupe IKIGAI - Une expression japonaise (« Joie de vivre – raison d’être ») qui représente la zone de conjonction des cercles de quatre notions fondamentales : « ce que vous aimez », « ce pour quoi vous êtes doué », « ce dont le monde a besoin » et « ce pourquoi vous êtes payé ». Dans la société togolaise, la jeunesse se débrouille seule, il n’y a pas beaucoup d’entraide. « L’objectif de ce groupe est de créer une émulation entre les différents acteurs de l’école ». C’est ainsi que directeur, enseignants et élèves, tous volontaires, se rencontrent régulièrement, hors du cadre scolaire, pour échanger sur différentes thématiques.

Si une personne du groupe dispose d’une compétence, il l’enseigne aux autres membres. Et l’instruction n’est pas forcément l’apanage des dépositaires de l’autorité. « Un jour, un élève danseur a donné des cours de danse au directeur de l’école », rigole Jean-Jacques Maeder. Autre exemple : tout le monde possède un smartphone, mais souvent il n’est pas utilisé à bon escient. « Or, avec de bonnes explications, il devient un outil utile et indispensable. » S’il permet à chacun d’apprendre à s’exprimer ou à donner son avis, le groupe œuvre également pour la collectivité. Ainsi, les « IKIGAI » et d’anciens élèves des écoles Croissance Afrique ont nettoyé les classes de primaire et du collège.

L’éducation tout au long de la vie

Pour l’éducateur spécialisé, les rencontres « IKIGAI » sont les prémices d’une vision pédagogique plus large. « En Afrique, les parents pensent, souvent à tort, que l’université est la voie royale pour décrocher un emploi. Ils se saignent pour cela. » Lui, mise sur la voie professionnelle. Durant l’été, des élèves de 3e (11e Harmos) ont eu l’opportunité de visiter des entreprises. En accord avec la philosophie du groupe, ces visites inspirent les jeunes afin de trouver des idées de formation qui correspondent à leurs goûts ou à leurs talents. In fine, l’ouverture d’une école professionnelle serait l’un de ses vœux les plus chers.

« L’éducation tout au long de la vie est une feuille de route chère à Croissance Afrique, confie Jean-Jacques Maeder, notre objectif est d’accompagner les élèves qui en ont terminés avec l’éducation de base afin de les aider à explorer des domaines dans lesquelles ils s’exprimeront le mieux. ». Et ce qui résume le mieux les paroles du Togolais d’adoption, ce sont ses actes : lors de réjouissances à l’occasion de la Fête Nationale Suisse au Togo, il s’est approché de professionnels. « Le réseautage est essentiel », conclut-il


Bruce Rennes (FICD), Jean-Jacques Maeder (Croissance Afrique)
● Croissance Afrique ● croissance-afrique.org