La communication est un enjeu de taille de ce premier quart de siècle. La voix de chacun est difficile à faire entendre et toutes les organisations cherchent à accaparer un espace médiatique déjà bien surchargé d’informations. Or, le financement de cette activité est de plus en plus complexe, en raison notamment des nouvelles règles qu’intègrent les contrats de nos bailleurs. Faut-il pour autant renoncer ?
Depuis l’échec de l’initiative pour des multinationales responsables le 29 novembre dernier, ce fut le branle-bas de combat dans les négociations entre les ONG, ou les fédérations telles que la FICD, et les principaux bailleurs institutionnels. L’un des points clés des contrats concerne la communication. Ainsi, dorénavant, il est explicitement mentionné que les fonds de la Confédération ne doivent pas financer les actions de communication en Suisse des acteurs de la coopération au développement. Une contrainte sans doute plus facile à surmonter pour les grandes organisations, aux multiples ressources financières, que pour notre fédération dont l’origine des fonds se limite, outre la DDC, aux cantons du Jura et de Berne, à ses organisations-membres et aux communes membres-soutien. A noter que chaque bailleur institutionnel possède ses propres règles, qui définissent ce qui est finançable ou non.
Concernant la FICD : comment financer les deux éditions de notre bulletin d’information et l’infolettre mensuelle ? Quid de notre Fête de la Solidarité qui se déroulera le 25 septembre prochain ? Toutes ces actions ont pour vocation de sensibiliser le grand public aux questions liées à la solidarité internationale, aux enjeux de la coopération au développement, aux activités de nos membres ainsi qu’à l’ensemble des aspects liés à l’Agenda 2030 et à ses 17 Objectifs de développement durable. Les coûts de ces outils de communication ne se limitent pas à des frais d’impression ou de diffusion, ils comprennent également le temps de rédaction et de mise en forme des articles. La mise en place d’une Fête de la Solidarité implique un investissement considérable pour assurer la coordination, la communication, la logistique, … que ce soit en ressources humaines ou financières, même si nous avons la chance de pouvoir compter sur le précieux engagement bénévole de nombreuses personnes. En bref, la communication de la FICD est-elle en péril ? Et avec elle, sa mission de sensibilisation ?
De l’avis général, y compris de celui des bailleurs, la sensibilisation du public aux thématiques de la coopération au développement et du développement durable est une activité importante et qui doit perdurer. Bien ! mais ces déclarations paraissent un brin contradictoires en regard des contraintes liées aux sources de financement. A partir de ce constat, la prise en compte des exigences de nos bailleurs devient un véritable casse-tête au moment d’attribuer la “bonne” ressource financière à la “bonne” activité et, quand bien même, le financier de la fédération dispose-t-il d’une comptabilité analytique qui l’aide à répondre à cette question quotidienne : quel bailleur pour financer telle ligne budgétaire ?
Finalement, un tel exercice nécessite de redéfinir les tâches qui relèvent spécifiquement de l’axe « Communication » du plan stratégique de la FICD (Outcome n°4 « Une force de sensibilisation » du contrat signé avec la DDC). Certaines activités courantes peuvent-elles être compatibles avec l’un des trois autres axes stratégiques de notre fédération ? Prenons le cas du bulletin d’information : la réorientation de sa ligne éditoriale en tant qu’outil de promotion de la qualité des projets menés par nos organisations-membres peut-il permettre de l’inclure à l’Outcome n°2 « Un pôle de référence connu ou reconnu en matière de coopération » ou dans le n°3 « Un soutien à des projets de qualité » ? On le voit, la définition et les objectifs de chaque document édité par la FICD doit faire l’objet d’une véritable réflexion stratégique.
En conclusion, face aux nouvelles exigences de nos bailleurs, il conviendra d’être capable de se remettre régulièrement en question, de mettre en valeur nos capacités d’anticipation, de créativité et d’innovation. Cela tombe bien, ce sont toutes les qualités fondatrices d’une communication réussie.
Bruce Rennes, chargé de projets de la FICD
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