Après quelques années de flottement, le thème des forêts refait surface dans le cadre de la discussion sur la gestion des ressources naturelles renouvelables et du changement climatique, aussi bien au Sud qu’au Nord de la planète.

Dans les pays du Nord, de grands projets industriels ou touristiques sont planifiés et parfois réalisés en empiétant sur les forêts. Et de grands massifs forestiers sont gérés sans grand respect pour la biodiversité et les paysages... »

Dans le Sud (pays tropicaux et subtropicaux), les initiatives visant la protection des forêts dans le contexte du changement climatique rencontrent un succès très relatif. Les surfaces forestières continuent à diminuer, souvent parce que les espaces boisés sont convoités par l’agriculture et l’élevage industriels : c’est le cas des plantations d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie, des cultures de soja et de canne à sucre et des grands élevages de bovins en Amérique du Sud par exemple. Ailleurs, comme en Afrique subsaharienne, les causes de la déforestation sont différentes : elles relèvent pour une bonne part de la nécessité pour les populations pauvres de gagner de nouvelles terres cultivables.

Dans les pays du Nord, de grands projets industriels ou touristiques sont planifiés et parfois réalisés en empiétant sur les forêts. Et de grands massifs forestiers sont gérés sans grand respect pour la biodiversité et les paysages, les interventions d’exploitation se déroulant de manière très brutale pour les peuplements et pour les sols.

Dans les deux cas de figure, les pouvoirs publics, dans une grande mesure propriétaires des forêts, se montrent souvent peu soucieux d’une gestion durable des ressources forestières. Concrètement, les populations locales, démunies de pouvoirs d’intervention, n’ont souvent rien à dire.

Changer de paradigme, ce serait (re)donner le pouvoir de décision sur la gestion des ressources naturelles renouvelables, notamment celle des forêts, aux populations locales, les plus directement concernées. Ce qui paraît parfois possible dans le Nord l’est beaucoup moins dans le Sud, faute de moyens d’action.


Jean-Pierre Sorg, Ingénieur forestier EPFZ spécialisé en foresterie tropicale, dr. sc. nat., membre de la Commission technique ● FICD