En Suisse, la nature va mal : ce sont les scientifiques et les organisations environnementales qui le disent, et leur constat est confirmé par le rapport de l’OCDE sur l’état de la biodiversité en Suisse. Le Conseil fédéral le reconnaît lui-même dans son rapport national sur le développement durable en 2018 : de tous les objectifs de l’Agenda 2030, l’ODD 15 «préserver et restaurer les ressources terrestres» semble le plus difficile à atteindre, tant la situation actuelle en est éloignée.

En important du bois, du papier, de l’huile de palme, du soja, de la viande, des poissons marins et de la tourbe, la Suisse porte une lourde responsabilité dans la destruction des forêts équatoriales, des tourbières et d’autres milieux naturels de grande valeur à l’extérieur de ses frontières. »

Dans ce domaine, tous les voyants sont au rouge. Le gouvernement juge en outre particulièrement alarmante l’évolution des habitudes de consommation, qui sont tout sauf durables, et s’inquiète de leur empreinte écologique. Que faire alors? Peut-on se contenter de reconnaître que «malgré toutes les mesures prises, la biodiversité continue à diminuer en Suisse», que de nombreuses espèces sont en train de disparaître et que notre empreinte climatique ne cesse d’augmenter ? Selon Pro Natura, les déclarations d’intention ne suffisent pas. Les ONG environnementales ont d’ailleurs élaboré leur propre plan d’action « Biodiversité suisse » avec des lignes d’action et des indicateurs clairs. En priorité, la politique agricole doit opérer un véritable tournant écologique. Il faut surtout éliminer certains outils financiers fédéraux qui favorisent une agriculture industrielle. L’infrastructure écologique doit être mieux financée et mise en œuvre sur le terrain.

En important du bois, du papier, de l’huile de palme, du soja, de la viande, des poissons marins et de la tourbe, la Suisse porte une lourde responsabilité dans la destruction des forêts équatoriales, des tourbières et d’autres milieux naturels de grande valeur à l’extérieur de ses frontières. «Le levier le plus puissant dont dispose la Suisse pour protéger le climat est l’économie financière. Il convient de l’encadrer par des réglementations efficaces qui prohibent les investissements dans des infrastructures nocives pour le climat et l’environnement», demande Pro Natura.

Une question se pose

Y aura-t-il un après-coronavirus permettant à la Suisse et aux cantons de trouver une voie nouvelle pour financer des mesures urgentes en faveur de la biodiversité ?


Lucienne Merguin Rossé, biologiste, éthicienne ● Pro Natura Jura