Samuel Bouille et ses élèves de 5e année de l’école primaire du Gros-Seuc, à Delémont, ont eu le plaisir d’accueillir par visioconférence Faisa Mohamed, Coopér-actrice suisse d’E-Changer. À mi-parcours de son mandat de soutien à l’association burkinabè « Le Baobab », la jeune femme a présenté une coopérative de femmes qui commercialise du beurre de karité.

On trouve davantage d’amendes sur les pare-brises que d’amandes dans les arbres sous nos latitudes.»

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E-Changer est une organisation suisse de coopération solidaire Nord-Sud. Anciennement Frères sans Frontières, elle travaille depuis 50 ans en partenariat étroit avec des organisations et des communautés locales en Amérique latine et en Afrique. Son but est de renforcer les mouvements sociaux et leurs réseaux afin de promouvoir de meilleures conditions socio-économiques.

D’origine somalienne, Faisa Mohamed, 31 ans, a grandi en Suisse, dans le canton du Valais très précisément. Pédagogue, la coopér-actrice a tout d’abord présenté le Burkina Faso et a répondu, avec humour, à l’une des premières questions qui lui furent posées : « Aimez-vous le couscous ? » (oui, pour les plus curieux·ses de nos lecteur·trices). Passée cette introduction consacrée aux caractéristiques linguistiques et géographiques du pays des hommes intègres, l’intervenante est entrée dans le vif du sujet : la production de beurre de karité.

Au cours de son intervention, Faisa Mohamed a détaillé les différentes étapes, de la récolte à la préparation du beurre, qui sera ensuite vendu sur les marchés. Concentré·e·s sur les photos qui défilaient devant leurs yeux, les élèves n’ont pas manqué de questions pertinentes : « Est-il possible de cultiver du beurre de karité dans le Jura ? » Avec humour, la jeune femme a répliqué que l’on trouve davantage d’amendes sur les pare-brises que d’amandes dans les arbres sous nos latitudes. « Le beurre de karité est l’or des femmes, a-t-elle ajouté. Au Burkina Faso, cet arbre est précieux, il est utile pour se protéger et se nourrir. » Attentive, Aïssa se demandait pourquoi c’est la dame la plus âgée qui s’occupe de concasser les noix. « C’est une tradition, une forme de respect. On offre cet honneur à la femme la plus âgée. » En observant deux pots sur une photo, Even s’est interrogé : « Quelle est la différence entre le beurre de karité naturel et l’alimentaire ? » Faisa Mohamed a précisé que le premier est un produit cosmétique, utile pour le soin de la peau et des cheveux, alors que le second est utilisé pour cuisiner.

Des questions économiques

Les enfants se sont intéressés également aux questions économiques liées à cette production. Ainsi, l’intervenante a indiqué que le beurre de karité se vend l’équivalent de deux francs sur les marchés du Burkina. Avec justesse, une élève s’est interrogée sur le prix que coûterait ce produit s’il était vendu en Suisse, et un jeune garçon a demandé s’il est facile de vendre du beurre de karité sur les marchés. « Oui, on adapte les prix en fonction du pouvoir d’achat et du coût d’importation. Il faut accepter de le payer plus cher en Suisse qu’au Burkina. ». Les enfants acquiescèrent. Concernant la seconde question : « Les Burkinabè  ont malheureusement tendance à acheter des produits importés. On retrouve souvent du beurre et du savon de Côte d’Ivoire ou du Togo qui entrent directement en concurrence avec notre produit. » Une compétition en défaveur des productrices locales qui ont pourtant besoin d’argent pour subvenir à leurs besoins et à ceux leur famille.

Elèves et intervenante ont apprécié ce moment passé ensemble. Un garçon se réjouissait de repenser à Faisa lorsqu’il arrosera son manguier à la maison et la coopér-actrice a émis le souhait de revoir les élèves, mais, cette fois, sans écran interposé.


Bruce Rennes ● Chargé de projets FICD