Louis Djié, directeur de l’Institut Agricole d’Obala au Cameroun, soutenu par la FICD, témoigne des conséquences du Covid-19 sur son établissement.

Membre FICD :

La FONDATION RURALE INTERJURASSIENNE, basée à Courtemelon et Loveresse, soutient les projets de l’INSTITUT AGRICOLE D’OBALA (IAO), au Cameroun, avec des fonds des cantons du Jura et de Berne, par l’intermédiaire de la FICD.

www.frij.ch / www.iao-cm.org

Le site Internet d’ISAGO, la composante supérieure de l’IAO, a été configuré et complété afin que les étudiants, qui avaient passé les examens de fin de premier semestre, accèdent à leurs notes à distance. »

Le 17 mars, le Gouvernement a annoncé, pour quinze jours, les premières mesures de confinement qui incluaient la fermeture de toutes les écoles, l’interdiction des réunions de plus de 50 personnes, la fermeture des débits de boisson à partir de 18 heures et la distanciation sociale. Ces mesures ont ensuite été prolongées de deux semaines. On y a ajouté l’obligation de porter un masque dans les transports publics. Dans les faits, à l’heure où ces lignes sont écrites, le confinement total n’a pas encore été annoncé au Cameroun, comme on a pu le voir dans plusieurs pays.

Mesures particulières prises au niveau de l’IAO

Au niveau de l’Institut Agricole d’Obala, nous avons fermé les portes de l’établissement aux élèves, conformément aux mesures gouvernementales. Toutefois, un service minimum est assuré par le personnel administratif qui se relaie pour le traitement des dossiers d’examens des élèves, la saisie des notes des évaluations et pour préparer un dispositif alternatif à la fermeture des classes. Du gel hydroalcoolique et des masques ont été fournis au personnel. Le site Internet d’ISAGO, la composante supérieure de l’IAO, a été configuré et complété afin que les étudiants, qui avaient passé les examens de fin de premier semestre, accèdent à leurs notes à distance. Pour continuer les activités de formation, des enseignants utilisent les plates-formes des réseaux sociaux où ils communiquent des cours et discutent avec les élèves. Les élèves des classes d’examens de la section secondaire sont invités à suivre quelques cours sur la CRTV, la chaîne de télévision publique. Mais aucune de ces solutions n’est satisfaisante, au regard des besoins qualitatifs de la formation. Nous avons le projet de commander l’installation d’une plate-forme de formation à distance dont la configuration pourrait satisfaire un minimum d’exigences professionnelles sur la qualité des activités d’enseignement et d’apprentissage. Mais la disponibilité des budgets nous fait défaut.

À propos du calendrier des examens

Un communiqué des ministres en charge des enseignements secondaires et de l’éducation de base, signé du 7 avril 2020, annonce une modification du calendrier de l’année scolaire. Les examens de fin d’année, initialement prévus en mai et juin, se dérouleront du 29 juin au 14 août. Nous connaîtrons les détails ultérieurement. Toutefois, les ministères en charge de l’agriculture et de l’enseignement supérieur n’ont pas encore fait savoir s’ils modifieront leurs calendriers académiques.

Conséquences économiques

Les conséquences économiques de cette crise sanitaire sont énormes pour l’IAO.  Près de la moitié des frais de scolarités n’était pas encore payée à la fermeture de l’établissement. L’activité de confinement impactant également les parents en charge de payer ces scolarités, nous avons de réelles inquiétudes pour tenir les charges incompressibles de l’institut. Il est également probable que l’Etat, dont la trésorerie est fortement impactée par la gestion de la pandémie, ne sera pas en mesure d’honorer ses engagements en payant la subvention qui nous est due.

À cette date, aucune mesure gouvernementale n’a été prise pour aider les structures comme l’IAO à faire face aux conséquences économiques liées à cette pandémie. L’IAO n’ayant pas encore mis en place de fonds de réserve, nous comptons sur la solidarité et le respect des engagements pris par nos partenaires pour ne pas voir notre crédibilité et notre notoriété, si longuement et difficilement développées, se dégrader fortement. En effet, si les enseignants ne sont pas payés, ce sont des centaines de familles qui se retrouveront sans ressource et les conséquences pourront être dramatiques.

En somme, cette crise sanitaire est lourde de conséquences aussi bien pour la gestion du calendrier académique que pour la gestion économique de l’IAO.


Louis Ndjié, directeur ● Institut Agricole d’Obala